Ilium - Ilium T01 de Dan Simmons

Ilium - Ilium T01 de Dan Simmons

Récit

Imaginez que les dieux de l'Olympe vivent sur Mars. Ils se déplacent librement dans le temps et l'espace grâce à leurs pouvoirs quantiques. Leur plus grand plaisir, c'est la guerre de Troie qui se joue sous leurs yeux. Pour y mettre un peu plus de piment, ils envoient des érudits terriens modifier les événements à leur gré, en gardant toutefois le récit d'Homère comme référence. Mais en orbite autour de Mars, de petits observateurs surveillent les jeux divins.

Impression

Oyez, oyez !
Vous rappelez-vous de l'Iliade ? La guerre de Troie ? Cette guerre où Hélène est le tribut ?
Et bien nous y entrons de plein pied avec Ilium de Dan Simmons.
Ce récit s'articule réellement autour de 3 volets qui alternent et qui convergent :

Premier volet : la guerre de Troie

La guerre de Troie, les dieux dans l'arène, les guerriers troyens et athéniens sur-humains, pour vous ce sont que des mythes ? Et bien pas dans ce livre.
Nous voici dans le futur assez lointain. Une partie de l'humanité (les post-humains) ont évolués et avec leur science sont l'égal des dieux. Et justement leur grande occupation du moment, c'est de se prendre pour les dieux grecs et de rejouer la guerre de Troie avec comme pièces sur l'échiquier les Grecs et Troyens correspondant en tout point à ce qui est décrit dans l'Iliade.
Pour pouvoir donner du piment, les dieux ne connaissent pas l'histoire de l'Iliade mais ont leur chouchous (pour rappel certains d'entre eux sont leur enfants !). Cette guerre n'est donc pour les dieux qu'un échiquier pour passer leurs guerres intestines.
Afin de vérifier que personne ne "triche", des observateurs, anciens critiques / professeurs spécialisés dans l'étude des œuvres d'Homère, morts et ramenés à la vie par les dieux, sont là pour vérifier que la guerre de Troie suit bien le cours décrit par Homère.
Évidemment, ils n'ont pas le droit d'intervenir, juste vérifier les faits. Mais voilà, l'un d'eux, le scoliaste Hockenberry, après 9 ans de ce "travail", va vouloir intervenir.

Second volet : les moravecs

Les moravecs sont des cyborgs envoyés par les humains dans le passé pour coloniser l'espace jovien et la ceinture d'astéroïdes.
Ces derniers ont perdus contact depuis longtemps avec les humains, se désintéressant d'eux, bien que profondément humain dans leur "âme" car construit à l'origine comme ça.
Ces moravecs partent pour une mission d'exploration / militaires après avoir repéré des activités quantiques très importantes sur Mars pouvant à terme menacer l'intégrité de l'univers et qu'ils doivent faire cesser.

Troisième volet : les humains à « l'ancienne »

Sur Terre, les humains « à l'ancienne » sont ceux qui n'ont pas suivi le mouvement des post-humains. Ils y vivent entourés de serviteurs robotiques.
Ils ne possèdent quasiment plus aucunes connaissances et passent leur temps à batifoler, se rencontrer, parler... on se croirait dans une aristocratie type victorienne à l'échelle de la planète.

Au fur et à mesure de la progression de ces 3 volets, nous découvrons petit à petit cet univers détonnant, complexe, chargé d'histoire où les éléments s'intriquent les uns dans les autres, mêlant sciences et mythologie.
L'ensemble du récit est par ailleurs habité d'un humour corrosif vulgaire et direct ou bien plus subtil. Dans tous les cas c'est particulièrement truculent. Par exemple :
J’aurais bien aimé recevoir un dollar chaque fois que j’ai entendu l’un des Achéens déclarer en râlant que si Ménélas avait été meilleur amant – « s’il avait eu une plus grosse bite », comme l’a formulé Diomède trois ans auparavant alors que je me trouvais à portée de sa voix –, alors Hélène n’aurait pas fui à Ilium avec Pâris.
J'ai vraiment adoré ce roman qui a su marier la mythologie de la guerre de Troie avec la science-fiction.
La trame du récit, même si on en voit rapidement les grandes lignes, surprend par la densité du background, la complexité des éléments et le fait que la tâche "herculéenne" semble quasiment impossible à mener à bien.
De plus l'originalité du traitement de la guerre de Troie est vraiment agréable et rafraîchissante (voire sanguinolente).
L'histoire de ce récit par contre s'arrête sur un cliff-hanger que je ne détaillerai pas faute de spoiler le récit, mais il me semble quasi-indispensable de lire le second (et dernier) volume afin de connaître la fin de cette épopée (et non pas de se l'imaginer).
Mais rassurez-vous. Je souffle un peu avec un autre livre, et m'y remet rapidement.

Quelques petites remarques toutefois. Ce qui suit ne m'a pas du tout gêné, mais peut être trouvé contraignant par certains :
  • Ce livre est un pavé : 870 pages dans l'édition poche, où les actions et les protagonistes s’enchaînent. Certains pourront trouver cela trop dense. Personnellement la mayonnaise a bien pris, et n'ai pas eu de problème pour suivre.
  • Il vaut mieux connaître un minimum l'Iliade. Je vous rassure, une connaissance très superficielle est suffisante, mais à tout le moins nécessaire pour apprécier qui est qui, et surtout à qui correspondent les dieux. À mon avis, un rapide résumé de l'Iliade est amplement suffisant.
  • La partie sciences se base sur des éléments de la mécanique quantique. Pas mal de vocabulaire y afférent est employé. Ce n'est pas de la Hard-Science, mais on en n'est pas très loin non plus. Avis à ceux que cela rebute.

Note

En définitive un 19/20 pour ce livre qui réussit avec brio à mêler mythologie, science-fiction et humour.
En plus cette lecture nous en apprend sur l'Iliade, Shakespeare, Proust, et éventuellement sur la mécanique quantique.
Une superbe plongée dans la mythologie avec une originalité sur le traitement de cette dernière.
Je conseille pour ceux que les points durs exposés ci-avant ne rebute pas et d'autant plus pour ceux qui ont su apprécier les Cantos d'Hypérion.

Nota : la critique de la suite, c'est par ici.

Série : Ilium

  1. Ilium (chroniqué)
  2. Olympos (chroniqué)

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